Citroën Ferté-Vidame : 100 ans d’histoire, 100 ans de légende

La Ferté-Vidame est un petit village de sept cent âmes aux confins de l’Eure et Loir et de la Basse-Normandie. Il est devenu le temps d’un week-end, et cent ans après le lancement de la Citroën Type A en 1919, le lieu du plus grand rassemblement de véhicules Citroën, sur les soixante hectares du parc du château chargé d’histoire pour Citroën.

Piste d’essais

En effet, à la fin des années 1920, André Citroën souhaitait fonder un centre dédié à l’automobile pour parfaire ses modèles. Malheureusement, l’industriel français nous quitte en 1935 et ne verra pas l’acquisition pour cinq millions de francs de l’époque, du domaine voisin des ruines du château de la Ferté-Vidame par Michelin, principal créancier et propriétaire de la marque la société anonyme des automobiles Citroën.

Les chiffres sont impressionnants. La superficie du domaine est de 812 hectares, dont 500 de forêts, 14 hectares d’étangs et 12 km de murs d’enceinte. Petit à petit, des circuits sont aménagés pour tester différentes conditions de circulation, surface en pavés, en terre, routes goudronnées, bosselées, tout y est. En tout, ce sont 32 kilomètres de pistes qui sont construites et c’est ici, en 1938 que les prototypes de notre Deudeuche nationale, appelée projet PTV, a effectué ses premiers tours de roues.

Dans les années 1960, une soufflerie est aménagée ainsi que des ateliers, des hangars de stockage et divers bâtiments où sont mis à l’épreuve les voitures dans les conditions les plus extrêmes. En 2004, le pavillon de chasse, baptisé La Faisanderie, a été rénové pour y accueillir des équipes du centre PSA de Vélizy-Villacoublay.

En 2018, le site, ce sont 6 millions de kilomètres parcourus, 6.200 mouvements de véhicule, plusieurs centaines de millions d’euros d’investissements, plus d’une centaine d’évènements et de cérémonies, 250 salariés, source chiffres PSA.

2019 : rassemblement du siècle

Revenons à nos chevrons. Pour l’anniversaire du centenaire Citroën qui a eu lieu ce week-end du 20 juillet à la Ferté-Vidame, la marque aux chevrons et ses partenaires ont mis les petits plats dans les grands, dans les très grands même.

Tour Eiffel et Village

On commence la visite et dès l’entrée, le ton est donné, une tour Eiffel géante, siglée Citroën, comme ce fameux 4 juillet 1925 ou la tour Eiffel de Paris s’embrase, révélant le nom de Citroën dans un feu d’artifice. Il s’agit d’une énorme opération de réclame orchestrée par le constructeur, prévue dans le cadre de l’Exposition des Arts décoratifs organisée cette année-là. 6000 mètres de câbles et 250.000 lampes sont utilisés à cette occasion. Le concept sera prolongé tous les ans jusqu’en 1934, année de reprise de l’entreprise par Michelin,

La tour Eiffel, clin d’œil, nous accueille dans le Village où une grande partie de la gamme du musée d’Aulnay est présentée. De la Type A de 1919 au tout dernier utilitaire de 2019 en passant par la C4 WRC (multiple championne du monde), une Rosalie de 1933, une étonnante B2 autochenille de1922, une C6 de 1936 et une C3 5HP de 1924 entre autres. Cette palette de modèles permet de percevoir le génie inventif de Citroën.

Limousines

La visite continue à gauche du château et nous retrouvons l’exposition des limousines. L’héritière de la DS, la CX, la prestigieuse SM et son moteur V6 Maserati. La XM élue voiture de l’année en 1990. La C5 fabriquée à Rennes et la dernière limousine haut de gamme de la marque, la C6. Il y a quelques spécimens assez étonnants comme une CX transformée en pick-up, équipée d’un plateau pour recevoir une voiture pour les tournages de films. Nous revenons sur nos pas pour passer de l’autre côté du château quand nous nous arrêtons devant une animation « chez André ». Un food truck type H et une rencontre étonnante avec André et Georgina Citroën pour célébrer la naissance de la 1ere Voiture que vous pourrez voir dans notre vidéo.

Nous continuons notre visite en traversant l’espace enfant, un château gonflable et une piste de karting à pédales et un marchand de glace, pour les enfants sages ou les gourmands. Nous arrivons au Village Partenaires où est installé le plateau de la radio qui émet pour l’occasion avec des anecdotes historiques de la marque, animée par l’équipe de France Bleu et de François Allain entre autres. Des partenaires et un musée éphémère proposent de très beaux véhicules de l’association l’aventure de Peugeot-Citroën, notamment les trois premiers prototypes de la 2CV qui ont été retrouvé ici même, en 1994, sur le site PSA de la Ferté-Vidame dans une grange abandonnée.

Espace Ventes professionnels

Nous arrivons dans l’Espace Ventes. Professionnels, clubs, ici tout est à vendre. Des pièces détachées à perte de vue, du simple boulon à l’élément entier de carrosserie, tout y passe. Si vous n’avez pas trouvé votre bonheur dans ces deux allées, il est possible que vous ne trouviez jamais.

Nous traversons l’Espace Concert ainsi que les divers restaurants et bars et enfin, nous arrivons dans le parc du château et là, nos yeux s’écarquillent et on se retrouve devant une rangée impressionnante de Citroën d’avant-guerre, de la Rosalie, 1933-1938, à la Trèfle, 1922-1926, en passant par la C4, 1928-1932 et la C6, 1929-1932, et enfin quelques utilitaires et une autochenille.

Tractions et Méharis

Suivent en plein milieu du parc les célèbres Tractions. Des Tractions à pertes de vue, difficile d’en estimer le nombre tellement il y en a. De 1934 à 1957, elles sont classées par quinquennat. La Traction est le modèle historiquement fort de la marque et est ancrée dans la mémoire collective. Gangsters, résistance ou plus simplement vacances ont nourri la légende Traction.

Nous finissons notre visite de la pelouse du château en croisant une Méhari conduite par un de nos plus célèbre gendarme et en musique. Tout de suite après, s’en suit l’arrivée des quatre autochenilles, 1920-1930, parties le matin même à 10h de la place de la Concorde. Elles ont remonté l’avenue des Champs Elysée, pris place sur des camions jusqu’à Saint Victor-sur-Avre où elles ont repris la route. Le cortège est arrivé à 16h30 sur la pelouse du château accueilli sous la douce mélodie d’un orgue de Barbarie et sous les applaudissements du public.

Nous rejoignons les deux bassins éloignés du château et tombons sur une pincée de Méhari, 1968-1987, de toutes les couleurs, présentées pour la plupart par le Méhari Cassis Club. Pour infirmation, la Méhari est interdite de circulation en Allemagne car non homologué en raison de sa carrosserie plastique inflammable.

2CV et les autres

Et enfin la voilà, notre symbole national, la Citroën la plus populaire, la fameuse 2CV, 1948-1990, notre Deudeuche nationale et à perte de vue. Alignées sur 2 rangées sur presque 200m les 2CV présentées sont toute d’un ton gris et plutôt monotone.

Destinée aux classes sociales du monde rural et à faibles revenus, la 2CV a été développée une bonne partie en cachette sous l’occupation sous le nom de TPV (Toute Petite Voiture). Démontée par la presse de l’époque, la Deudeuche est présentée au salon de Paris en 1948 et l’accueil du public est beaucoup plus enthousiaste. Après une longue carrière de 51 ans, la production prend fin en 1990. Elle aura été vendue à plus de 5 millions d’exemplaire et d’innombrables finitions et versions. Nous avons eu le droit à un montage-fabrication de 2CV en 3min22 chrono. A voir dans notre vidéo.

Nous continuons notre visite du plus grand musée de voitures et tombons nez à nez avec les fameux type H ou panier à salade, 1948-1981. Connu pour sa construction en tôle ondulée, il restera dans les mémoires comme le véhicule des commerçant ambulants et surtout de la police nationale. Il est retiré du service en 1983.

Viennent ensuite les mal aimés BX et GS qui se faisaient face dans le fond d’une allée à côté d’une poignée de Saxo, 1996-2003, la petite LNA, 1976-1986, qui est la première Citroën issue de la fusion avec Peugeot, la Visa, 1978-1988, et autre Xantia, 1993-2002 et quelques voitures … d’autres marques. Sacrilège, en ce week-end de fêtes et de célébration du centenaire de Citroën !

Sur la seconde allée, encore plus de Deudeuche, toutes colorées cette fois ci, customisées, avec ses cousines, comme la Dyane, 1967-1983, ou l’Acadiane, 1978-1987, version utilitaire de la Dyane et qui font face aux Amis. L’Ami 6, 1961-1969, l’Ami 8, 1970- 1978, et enfin l’Ami Super, 1973-1976.

Nous continuons notre traversée dans le temps et revenons vers le château pour y découvrir sur tout le côté gauche du parc du château, les célèbres DS, 1955-1975, ont leur propre aire dédiée. Rangées au millimètre avec rigueur, berlines, coupés, décapotables, elles sont toutes là. Voiture devenue culte grâce au cinéma, elle a été présentée au salon de Paris de 1955 et 12.000 modèles sont commandés à la fin de la première journée. La DS a été vendue à presque 1.5 millions d’exemplaires.

Nous finissons notre visite par la vente aux enchères qui a eu lieu dimanche 21 à 11h et qui rassemblait 70 lots. La vente officielle était placée sous le marteau de la maison Aguttes.

Conclusion

Citroën a vu grand et a célébré ce centenaire comme il se doit. Collectionneurs, clubs, passionnés, amateurs ou simple curieux venus en famille, il y en avait pour tous les gouts et pour tous les âges. Avec un beau temps malgré deux averses samedi en fin d’après-midi et sous un soleil de plomb le reste du temps, l’ambiance festive, décontractée et bon enfant a fait du centenaire un véritable succès. Les 60.000 visiteurs sur les trois jours du centenaire, les 4.200 véhicules venus de toute l’Europe, confirme nt si besoin était la success story de l’aventure Citroën qui continue de traverser le temps et contribue toujours à l’histoire de l’industrie française.

Rendez-vous est d’ores et déjà pris en 2119.