Sécurité routière : le Conseil National de la Sécurité Routière (CNSR) au coeur des débats
jeudi 29 novembre 2012 , par ,
Sécurité routière : le Conseil National de la Sécurité Routière (CNSR) au coeur des débats
C’est le 27 novembre dernier que Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, dont dépend la sécurité routière, a présenté le nouveau Conseil National de la Sécurité Routière (CNSR). Cette instance de concertation ne s’était pas réunie depuis 2008.
Elle va désormais tenir une place centrale dans la politique de Sécurité Routière. Manuel Valls a fixé les orientations de son action en tant que ministre.
Le nouveau président du CNSR, Armand Jung et le Délégué Interministériel à la Sécurité Routière, étaient aux côtés du ministre de l’Intérieur pour présenter les axes de priorités de son action.
Rôle du Conseil National de la Sécurité Routière
Le rôle du CNSR est de préparer et d’évaluer la politique des pouvoirs publics en matière de sécurité routière. Le CNSR est notamment chargé d’adresser au Gouvernement des propositions pour lutter contre la violence routière et de réaliser des contrôles afin d’évaluer les actions mises en place chaque année.
Réunissant les représentants de l’ensemble des usagers de la route, le CNSR a pour vocation d’être « un parlement de la sécurité routière », c’est-à-dire un lieu de débat qui tend à accroître la participation des citoyens à la politique de sécurité routière.
Il faut donc comprendre que la concertation semble être la méthode privilégiée et que les différents acteurs en matière d’usagers puissent participer à ce « parlement ».
Axes de réflexion
Manuel Valls a fixé deux axes sur lesquels doivent porter les travaux du CNSR :
les principaux facteurs accidentogènes : alcool, stupéfiants, vitesse ;
les personnes les plus exposées : jeunes et usagers de deux-roues motorisés.
La lutte contre les causes majeures de l’accidentalité routière, l’alcool, les stupéfiants et la vitesse, doit être une préoccupation permanente. En 2011, 30% des accidents mortels sont liés à l’alcool. L’alcool est la première cause de mortalité sur les routes.
Au moins 26% des personnes décédées sur la route le sont du fait d’accidents où la vitesse est en cause. Les stupéfiants sont présents dans au moins 13% des accidents mortels. Le mélange alcool/cannabis multiplie par 14 le risque d’accident.
Par ailleurs, les 18-24 ans sont de loin les premières victimes des accidents de la route. A ce titre, une réflexion sur les formations ne peut être écartée.
Enfin, les conducteurs de deux-roues motorisés et spécialement les motocyclistes feront l’objet de toutes les attentions car ils utilisent un mode de déplacement qui les rend particulièrement vulnérables : les motocyclistes représentent, en 2011, 23% des usagers de véhicules à moteur tués sur la route.
Parmi les priorités, nous allons faire un focus sur les deux roues.
Deux roues motorisés : mode de déplacement le plus dangereux
Vulnérabilité
À distance parcourue équivalente, un conducteur de deux-roues motorisés a
14 fois plus de risque d’être tué qu’un automobiliste.
En 2011, 980 usagers de deux-roues motorisés ont perdu la vie, ce qui représente une hausse de 3% par rapport à 2010. Cette augmentation du nombre de victimes est principalement due à la hausse de la mortalité des usagers de motos de plus de 125 cm3 (+10%).
En 2011, les motocyclistes ont représenté 23% des usagers de véhicules à moteur tués sur la route. Le nombre de personnes tuées à cyclomoteur baisse de 11,3%. Sur les 12 derniers mois (novembre 2011 à octobre 2012), le nombre d’usagers qui se sont tués à deux-roues motorisé s’élève à 830 personnes.
Les jeunes, -25 ans, les plus touchés
Les hommes représentent 93% de la mortalité à deux-roues motorisé. Les jeunes sont particulièrement concernés : 55,5% des personnes tuées à cyclomoteur et 24% de celles tuées à moto ont moins de 25 ans.
De jour, en campagne, route sèche
Les deux-tiers des usagers de deux-roues motorisés trouvent la mort en rase campagne alors que seulement un tiers des accidents s’y produisent. Dans plus de 8 cas sur 10, les accidents mortels des motocyclistes ont lieu sur chaussée sèche.
Les motards se tuent seuls sur la route dans un tiers des cas et deux fois sur trois à la suite d’une collision.
Le nombre de motocyclistes tués dans un accident est plus élevé le jour que la nuit (71% des personnes tuées).
Sous-équipement et vitesse
Les usagers de deux-roues motorisés sont vulnérables principalement en raison de la faible protection générée par l’absence de carrosserie et la stabilité précaire de ce type de véhicule.
Paradoxalement, cette vulnérabilité naturelle n’empêche pas que les vitesses pratiquées par les motocyclistes soient nettement supérieures à celles des automobilistes : 5 km/h en plus, de jour, tous réseaux confondus.
Le pourcentage des motocyclistes impliqués dans un accident avec une alcoolémie positive est de 24,5 % pour les accidents mortels, soit plus que les automobilistes (20,2%).
Quelques chiffres
En 1972 : 18.000 morts sur les routes, en 2011 : 3.963 et 81.251 blessés.
Parmi les 3963 personnes décédées sur less routes en 2011 :
Plus de 3000 étaient des hommes, pour moins de 1000 des femmes.
Plus de 2000 décédaient sur des routes de rase campagne limitées à 90 km/h.
Plus de 1000 avaient moins de 24 ans.
Plus de 1000 décédaient dans des accidents générés par une vitesse excessive.
Plus de 1000 décédaient dans un accident dans lequel au moins un conducteur présentait une alcoolémie connue positive.
Près de 1000 étaient en deux roues motorisés. - Plus de 500 étaient piétons dont près de 200 avaient plus de 75 ans.
Près de 500 décédaient dans un accident dans lequel au moins un conducteur était testé positif au cannabis.
Près de 500 étaient conducteurs depuis moins de 2 ans. - Près de 500 décédaient alors qu’elles ne portaient pas la ceinture de sécurité.
Le coût des accidents de la route représente 23 milliards d’euros par an, soit, 1.2% du PIB dont :
13.7 milliards pour les accidents matériels, yc les dégâts matériels des accidents corporels
8.3 milliards aux victimes dont 5M€ pour les 3.963 tuées et 4.3M€ pour les blessés.
Avec ces nouvelles priorités, les mesures prises concernant le brassard et l’éthylotest sont mises en suspens et à l’étude pour une décision en mars 2013.
Un nouveau ministre, une nouvelle politique, une ancienne instance... La sécurité routière se conjugue à tous les temps, à présent. Espérons que son futur rimera avec meilleur et que le pire restera au subjonctif.
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