Canvas Logo

Comportement des conducteurs de deux-roues motorisés : entre vulnérabilité et prises de risques

samedi 14 septembre 2024 , par Benji

A l’occasion du Bol d’Or qui se déroule du 12 au 15 septembre 2024 sur le circuit du Castellet, la Fondation VINCI Autoroutes et 2-roues Lab’ publient les premiers résultats d’une enquête inédite sur les conducteurs de deux roues motorisés.

Inattention, somnolence, vitesse excessive, alcool… : quelle perception ont les conducteurs de 2-roues motorisés des risques sur la route ? Quels comportements adoptent-ils pour prévenir les dangers éventuels ? Comment perçoivent-ils la conduite des autres conducteurs sur la route ? L’étude, menée sur un échantillon de 1 963 conducteurs de deux-roues motorisés, dresse un état des lieux de leur perception des dangers de la route et de leurs comportements au guidon.

Alors qu’en 2023, les usagers de deux-roues motorisés représentent 22 % des tués sur les routes françaises soit 706 personnes, chiffres ONISR, Bilan des accidents mortels 2023, les résultats vont permettre de mieux orienter les messages de prévention destinés à l’ensemble des conducteurs sur la route.

Conducteurs de deux-roues motorisés : conscients de leur vulnérabilité sur la route

Interrogés sur les risques qui les inquiètent le plus lorsqu’ils conduisent, les conducteurs de deux-roues motorisés (2RM) mentionnent en premier lieu des causes externes à leur conduite. Ainsi :

  • 81 % redoutent le comportement des autres usagers de la route ;
  • 49 % craignent de ne pas être vus par les autres usagers ;
  • 36 % citent les conditions météorologiques.

Des craintes qui semblent justifiées car 62 % d’entre eux ont déjà eu ou failli avoir un accident en raison d’une manoeuvre dangereuse d’un automobiliste ou d’un conducteur de poids-lourd.

Selon les conducteurs de 2RM, les accidents mortels causés par un tiers sont :

  • l’inattention (pour 71 % d’entre eux en ville, 54 % sur autoroute et voie rapide, 45 % en campagne),
  • la somnolence (pour 40 % d’entre eux sur autoroute et voie rapide, 4 % en campagne, 1 % en ville),
  • une manoeuvre dangereuse (pour 62 % d’entre eux en ville, 40 % en campagne, 37 % sur autoroute et voie rapide),
  • une vitesse excessive ou inadaptée (pour 56 % d’entre eux en campagne, 36 % sur autoroute et voie rapide, 31 % en ville).

Toujours selon eux, les causes d’accidents mortels sans tiers sont :

  • une vitesse excessive (75 % en campagne, 61 % en ville, 53 % sur autoroute),
  • la perte de contrôle (68 % en campagne, 55 % en ville, 42 % sur autoroute).

Bien que le nombre de personnes décédées en 2RM sur autoroute soit très largement inférieur à celui enregistré sur les routes de campagne et en ville, il est très supérieur à la part du trafic sur autoroute : 15,4 % de tués en 2RM sur autoroute pour un trafic de 0,4% en 2023, chiffres Bilan 2023 des accidents mortels sur autoroutes concédées- ASFA.

Equipements de sécurité ou présence d’un passager sur la moto, une prudence largement partagée

  • 98 % roulent toujours avec des gants ;
  • 91 % utilisent toujours un équipement adapé.

Lorsqu’ils transportent un passager, les conducteurs de 2RM font plus attention :

  • 83 % réduisent leur vitesse ;
  • 70 % augmentent la fréquence ou la durée de leurs pauses lors des longs trajets ;
  • 50 % circulent moins en inter-files ;
  • 20 % téléphonent moins.

Nombreux comportements à risques admis par les conducteurs de deux-roues motorisés

S’ils sont nombreux à exprimer leur inquiétude face au comportement des autres conducteurs sur la route, les conducteurs de 2RM concèdent également un certain nombre de prises de risque et de transgression au code de la route.

  • 99% dépassent de quelques kilomètres/heure la limitation de vitesse indiquée,
  • 84 % reconnaissent ne pas respecter les distances de sécurité ;
  • 73 % franchissent une ligne continue pour dépasser un véhicule ou faire demi-tour ;
  • 71 % reconnaissent dépasser la vitesse autorisée lorsqu’ils roulent en inter-files ;
  • 61 % oublient de mettre leur clignotant ;
  • 45 % reconnaissent doubler par la droite ;
  • 37 % téléphonent en conduisant avec un système de conversation Bluetooth ;
  • 21 % paramètrent leur GPS en conduisant ;
  • 14 % ont eu, ou failli avoir, un accident en raison de l’utilisation d’un téléphone portable.

Certains conducteurs de 2RM admettent qu’il leur arrive de prendre le guidon en ayant consommé des substances psychoactives :

  • 11 % ont déjà conduit en étant au-dessus de la limite d’alcool autorisée sans pour autant ressentir les effets de l’alcool ;
  • 8 % ont déjà conduit en ayant consommé des médicaments susceptibles d’altérer leur vigilance ;
  • Moins de 1 % ont déjà conduit en ayant fumé du cannabis ou consommé des drogues.

De nombreux conducteurs de 2RM négligent l’impact du manque de sommeil et de la fatigue sur la conduite lors des longs trajets :

  • 82 % reconnaissent se coucher plus tard que d’habitude avant un long trajet ;
  • 48 % déclarent prendre la route de nuit ;
  • 25 % conduisent plus de 2 heures avant de réaliser une pause ;
  • 38 % déclarent ne jamais s’arrêter au cours du trajet pour faire une sieste ;
  • 29 % reconnaissent avoir pris le guidon alors qu’ils se sentaient très fatigués ;
  • 23 % ont eu ou failli avoir un accident en raison d’un assoupissement ou d’un endormissement au guidon.

L’attention à la sécurité est trop limitée puisque :

  • 31 % des conducteurs de 2RM déclarent ne pas connaître la règle du corridor de sécurité et que parmi ceux qui la connaissent, seulement 1 conducteur sur 2 affirme la respecter systématiquement ;
  • 60 % oublient de ralentir à proximité d’une zone de travaux.

Des chiffres inquiétants sachant que 96 % des conducteurs de 2RM sont aussi des automobilistes.

« Les conducteurs de deux-roues motorisés sont, comme l’ensemble des usagers de la route, soumis à une dualité entre le sentiment d’être victime du mauvais comportement des autres conducteurs, effectivement trop fréquent, et leurs propres prises de risques qui les mettent en danger. Leur sécurité sur la route passe indéniablement par une plus grande attention de la part des autres conducteurs mais également par un meilleur respect des règles du code de la route de leur part. C’est grâce à cette prise de conscience mutuelle que le nombre de victimes chez les motards et scootéristes pourra diminuer. » Bernadette Moreau, Déléguée générale de la Fondation VINCI Autoroutes.

« Le motard a conscience de sa vulnérabilité, l’absence de carrosserie lui rappelle assez souvent. Pour autant, le risque ne peut pas se limiter à « l’autre » : chacun doit prendre sa part. Depuis plus de 40 ans, nous prônons le partage de la route car nous pensons que mieux se connaître, c’est déjà anticiper un risque accident. Le rapport MAIDS disait en 2005 qu’un automobiliste qui était aussi titulaire d’un permis moto avait 2 fois moins de risques de percuter une moto ; c’est bien la preuve que le partage des pratiques est un des leviers de prévention les plus efficaces, et c’est aussi le sens de cette étude commune avec la Fondation VINCI Autoroutes. » Patrick Jacquot, Président-directeur général de l’Assurance Mutuelle des Motards.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

A lire également :

Tous les articles de la rubrique ...

... Tous les articles