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Musée Dufresne : passion mécanique, à voir, entendre et sentir

lundi 10 août 2020 , par Christian

Si vous avez la chance de passer quelques jours en Touraine, visitez les châteaux, bien sûr, mais ne passez pas à côté d’une perle, trop peu connue. Il s’agit du musée Dufresne, du nom de son créateur Maurice Dufresne, situé à Azay-le-Rideau. Il se visite de la même façon que les châteaux, avec le sentiment de voir des pages d’Histoire qui se tournent sous nos yeux.

Histoire

Le musée et son histoire sont déjà une invitation au voyage. Maurice Dufresne, de son métier, est compagnon maréchal-ferrant. Déjà costaud, habile de ses mains et astucieux, il fait son tour de France de patron en patron, et connaît vingt-deux places en huit ans. C’est lors de l’une de ses étapes, chez un patron de Saint-Laurent-en-Gâtines, qu’il rencontre Jeannine. Elle deviendra la mère de ses trois enfants et une précieuse collaboratrice.

Observateur et clairvoyant, Maurice Dufresne comprend rapidement que la fin de l’ère du cheval approche et qu’il est temps de passer à autre chose. Lui vient alors l’idée de fabriquer des remorques pour tracteurs ! En 1958, il monte son entreprise à Villeperdue. Ses remorques se vendent vite (plus d’un millier) et bientôt, la matière première indispensable à leur construction lui fait défaut. Quatre ans plus tard, il se lance alors dans la récupération de métaux.

Nous sommes dans les années 50-60 et l’époque veut que les machines d’hier sont vouées à la casse au profit de machines plus modernes. Mais Maurice Dufresne, pour ces objets du passé, au lieu de les détruire, va les conserver. Son flair lui dit qu’au contraire, il faut sauvegarder ces vieilles pièces et surtout ne pas les laisser tomber dans l’oubli. Ses pensées le harcèlent jusque dans la nuit… Il continue d’entasser à Villeperdue : tracteurs, autos, camions, outils agricoles et tout ce qui lui passe entre les mains ! Il les accumule et bientôt la place vient à lui manquer.

C’est dans une propriété de plus de 6 hectares, au « Moulin de Marnay », située près d’Azay-le-Rideau, au bord de l’Indre, que Maurice Dufresne décide d’installer son musée.

En 1983, il rachète cette ruine dont il ne reste plus rien, pas même la charpente, mais tout juste les murs et une machinerie hors d’état. Ancienne papeterie délabrée fondée en 1820, elle devint en 1948 une conserverie, puis une bonbonnerie … Pendant neuf ans, Maurice Dufresne aidé de son équipe de mécanos, se consacre à la rénovation des bâtiments. Il jette entre-autre son dévolu sur la machinerie hydraulique de l’ancien moulin, qu’il réussit à remettre en état de fonctionnement après vingt sept ans d’abandon.

De ses mains expertes il restaure lui-même les pignons de bois et les éléments essentiels de la turbine à eau dite « Fontaine », pièce maîtresse du musée avec la roue à aubes. Une fois l’ancienne papeterie rénovée, il y installe ses précieux trésors, qui, après avoir subi de sérieux travaux de restauration, retrouvent pratiquement leur aspect d’origine ! Certaines machines à moteur sont d’ailleurs à nouveau en état de fonctionnement. Chaque pièce du musée ayant sa petite histoire, Maurice Dufresne prend soin de relater lui même les circonstances de leur découverte et décide de leur emplacement dans le musée.

Musée : 3.000 pièces à voir

Aujourd’hui, le musée compte plus de 3.000 pièces, à voir, à entendre et à sentir. Certaines sont monumentales, d’autres plus petites et c’est surtout plus d’un siècle de mécanisation dans tous les domaines que le musée retrace.

Maurice Dufresne ne se fermait aucune porte et le musée couvre des domaines variés : agriculture, transport terrestre, aviation, industrie… C’est une plongée dans l’ingéniosité de l’homme à mécaniser toutes ses activités que nous permet de retracer le musée Dufresne. Cette histoire couvre plus de cent ans d’inventions de toutes sortes. C’est beaucoup de temps et d’énergie que Maurice Dufresne a consacré à sa collection, à restaurer, conserver et acquérir. Le tracteur Case lui aura pris huit ans, huit ans de négociations avec les propriétaires...

Certaines sont terrifiantes, comme la guillotine mobile, d’autres plus légères, comme le Solex Hispano-Suiza, ou le tricycle Monet-Guyon, propriété d’un curé près de Chartres qui visitait ses paroissiens avec. Certaines sont uniques. Comme le cyclo-tandem qui est une fabrication artisanale et qui a nécessité 700 heures de travail. Ou encore la B. Boutin de 1938, dont les lignes rappellent des Harley-Davidson de l’époque.

Chaque pièce est référencée et quelques explications permettent de la contextualiser dans son époque, de replacer son histoire dans la grande Histoire. Le musée annonce une durée de visite de 3h mais il y a tant à voir, à entendre et à sentir qu’il vaut mieux prévoir large. La journée entière passe sans s’en rendre compte et heureusement que sur place, vous profiterez des espaces verts, 7 hectares dont 12.000m2 de musée, et du restaurant. Et c’est vrai qu’au sortir du musée, de l’agitation des inventions, le parc est bienvenu pour une transition toute en douceur vers le monde actuel.

Le monde actuel, justement, est composé de la troisième génération Dufresne, branche Boissoneau, comme le dit David Moriceau, chargé de médiation culturel au Musée Maurice Dufresne. Dans son paradis, certainement mécanisé, Maurice Dufresne doit certainement sourire et être fier

La transmission et la relève sont assurées ! Et la passion est intacte.

Merci à Laetitia et à David pour leur accueil.

Musée Dufresne.

Portfolio

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