Essai Lab’Elle Veloce - guidon pliant : French Touch et tellement classe !
mardi 17 novembre 2020 , par
En sortie du premier confinement m’est venue l’idée de trouver un moyen de transport plus doux et moins polluant que le scooter ou la moto. La trottinette électrique est la plus adaptée à mes besoins :
- Transportable avec soi à l’intérieur et donc plus à l’abri du vol et des dégradations qu’un vélo
- Aucun effort à faire en allant travail, je serais sinon en sueur très rapidement
- Autonomie largement suffisante pour les 13 kms aller de mon parcours domicile-travail
Choix du modèle
L’offre est bien développée depuis quelques années. Pourtant, j’avais une contrainte de principe forte : acheter français. Bien sûr, un produit fabriqué sur notre sol et en petite série, sera forcément plus coûteux qu’un import asiatique. Mais, en tant que consommateurs, il nous appartient à tous de favoriser notre modèle social et notre tissu économique. Par ailleurs le service après-vente local sera très probablement de meilleure qualité et réactivité, de par sa proximité et notre législation.
Parmi les quelques modèles disponibles la Lab’Elle Véloce de Airlab Industrie m’a tapé dans l’œil avec son esthétique à part et ses beaux matériaux... Elle vient de pas mal d’endroits de notre beau pays : conception à Nîmes et Alès, processus d’industrialisation étudiés à Nîmes, montage à Montpellier, bois de hêtre des Vosges, travail du cuir italien à Béziers, du hêtre à Valence, batteries fabriquées à Brassac… En citant l’une des pages en référence de cet article : ‘« Au total plus de 50% de la valeur ajoutée est fabriquée en France, ce qui fait de la Lab’Elle la première trottinette électrique Made in France ». Pas 100%, car par exemple « Le châssis (…) a été sous-traité en Asie car la compétence industrielle pour réaliser un châssis trapézoïdal n’existe plus chez nous. »}.
J’ai donc passé commande et en quelques jours le carton était chez moi. Maintenant après deux mois de possession et 1 000 kms parcourus, voici mes impressions.
Présentation
La première chose attirant le regard sur cette « belle » est la différence de taille des roues. La grande de 10 pouces à l’avant, et la plus petite de 8 à l’arrière, me font penser aux grand Bi d’antan ! Surprenante et apportant une certaine élégance, cette dissymétrie confère une forte identité à l’engin.
La vue
Tombe immédiatement ensuite sous les yeux le généreux plateau de bois clair, suffisamment large pour accueillir confortablement les deux pieds parallèles. Pas de position tordue comme sur la grande majorité des trottinettes. Ce plateau arbore une belle sérigraphie – personnalisable -, d’un matériau à la fois protecteur et antidérapant. Sa partie redressée sur la roue avant accueille un panneau solaire. Airlab Industrie indique une capacité de charge de 10% par jour d’ensoleillement… ce qui ne fera au final qu’un minuscule appoint mais le mariage technologique est séduisant !
Le toucher
Après le plaisir des yeux est convié celui des mains : le large guidon les accueille avec des poignées en cuir de très bonne qualité. Avec le temps, plutôt que s’user, il prend une patine le rendant encore plus beau et agréable. Ces poignées sont terminées par des bouchons de liège, et le tout est siglé « Beau vélo – Paris » … la classe.
En détail
Le reste de la trottinette est à l’avenant. Les garde-boues eux aussi sont de bois. Une sangle du même cuir que les poignées permet de fixer le guidon une fois plié. Une autre sangle à l’avant, toujours de ce cuir, permet de très facilement faire rouler la trottinette telle une valise à roulettes.
Sans s’arrêter à l’aspect extérieur, la construction inspire immédiatement confiance. À commencer par le châssis : large sous le plancher, il maintient fermement la colonne de direction grâce à une jointure de fort gabarit. La fourche elle aussi respire la solidité par son aspect massif. La hauteur de la colonne de direction est réglable facilement et solidement par deux leviers de serrage situés à mi-hauteur. Le guidon, pliant en option sur ce modèle, est doté d’une fixation éliminant toute possibilité de jeu. Une fois replié il ne dépasse pas de la largeur du plancher.
Deux freins à disque dotent l’avant et l’arrière. Ils sont entièrement réglables, notamment la course aux leviers.
L’éclairage est assuré par un feu avant à LED à hauteur ajustable, tandis que l’arrière est équipé d’un feu autonome, se déclenchant dès que la trottinette est en mouvement et qu’il ne fait pas suffisamment jour, alimenté par son propre petit panneau solaire. Sympa je vous dis !
Le compteur est à côté de la poignée droite et donc facilement accessible en roulant. Il a un bel aspect noir brillant avec rétro-éclairage bleu clair, seuls les cristaux liquides font un peu bon marché face aux LED d’autres modèles.
Malgré ses pièces généreusement dimensionnées, la Lab’Elle affiche un poids contenu à 12,5 kgs. Ceux-ci sont peu sensibles au déplacement manuel avec la sangle avant. Si pour franchir une volée de marches on est amené à soulever la trottinette, ceci se fait sans grand effort.
Suppléments compris
Airlab Industrie ajoute à l’équipement :
- Une grande housse de protection pour transporter la Véloce. À poignée de cuir, grand socle rigide, grandes roulettes, tissu proche du jean, cette housse conforte le cachet haut de gamme
- Une fixation en silicone pour téléphone au guidon.
Prise en mains
Au déballage de la trottinette et passées quelques minutes à consulter les vidéos sur le site de Airlab Industrie, on prend vite plaisir à manipuler « la belle ». L’occasion se présente d’entrée de jeu car bien sûr livrée repliée. On doit donc :
- Détacher la sangle de cuir maintenant le guidon contre le garde-boue arrière
- Redresser la potence et la bloquer grâce à un levier à sa base
- Monter la colonne de direction à la hauteur voulue et plier ses 2 leviers de serrage
- Libérer le guidon en position repliée, le déplier et refermer sur lui sa grosse bague de fixation
Il ne reste qu’à prendre la route ! … après avoir complété la charge. La batterie n’est pas livrée déchargée donc le temps d’attente est raisonnable et l’impatience maitrisable. Sachez que pour une pleine recharge, à 2 ampères sous 40V, 4h sont nécessaires pour remplir les 378 Wh.
Le chargeur, tel celui d’un ordinateur portable, prend peu de place dans un sac à dos.
Sur la route
L’affichage présente 3 modes, qu’on fait défiler avec un bouton :
- ECO : par défaut à l’allumage, pour rouler au pas sur les trottoirs
- MID : 10 – 11 km/h max
- MAX : 23 km/h
- (Rien) : à fond
Ces vitesses valent pour une batterie pleinement chargée. En fin de charge on perd 2 à 3 km/h sur les grandes vitesses. Les autres informations sont :
- Kilométrage total
- Kilométrage depuis le dernier allumage
- Tension de la batterie
- Éventuels codes d’erreur – répertoriés dans le mode d’emploi
- Jauge à 4 barres présentant le niveau de tension instantané et de niveau de batterie restant
Il manque un affichage de l’heure… En effet en roulant difficile de sortir son téléphone – sauf pour ceux qui aiment bien changer de modèle tous les ans en le mettant au guidon.
Pour un tout premier essai, on est rapidement en confiance. La gâchette d’accélération tombe naturellement sous le pouce et sa course est parfaite. La Lab’Elle est propulsée par un volontaire moteur de 500 W logé dans sa roue arrière. Sa disposition a l’avantage de ne pas patiner sur terrain glissant, le poids étant en majorité sur l’arrière. Même sur les feuilles mortes, la puissance passe ! Sans avoir besoin de pousser du pied, une pression progressive sur la gâchette au pouce droit nous emmène avec bonheur au pays des déplacements doux…
Enfin doux, pas tant que ça à l’arrière. En effet, c’est un pneu plein. Génial car on ne craint pas sa crevaison… mais même amorti par silentblocs, le plateau n’efface pas les trépidations qui surviennent sur sol dégradé. Vous éviterez rapidement les sections pavées… Fléchir les genoux permet alors d’atténuer le désagrément temporaire. Le pneu avant est un délice, du coup. Avec sa chambre à air, il conviendra bien sûr de faire attention aux cailloux / déchets au sol. Sur mes 1.000 kms aucune crevaison n’est à déplorer.
Le large guidon donne une direction sensiblement moins joueuse que les modèles étroits. La trottinette réagit sainement aux irrégularités sans louvoyer le moins du monde. Merci le châssis ultrasolide. Quelques grincements se font parfois entendre, venant a priori d’une vis de blocage sur la colonne de direction. Aucune inquiétude vu la fermeté des fixations. Je pense plutôt qu’huiler cette pièce aurait sali les mains de l’utilisateur, ce qui a présidé à ne pas en appliquer.
Lorsque l’on lâche la gâchette d’accélération, le contrôleur passe une dizaine de secondes en mode de récupération d’énergie. On continue ensuite sur l’élan. À l’usage, il serait agréable de pouvoir choisir quand activer cette récupération. On pourrait, par exemple, sur une longue descente l’activer en continu, pour contenir la vitesse tout en récupérant significativement de l’énergie.
Ceci nous amène au freinage : un gros point fort de Lab’Elle. Nul besoin de tirer fort sur les levers : les disques font facilement piler. Je recommande un freinage des deux leviers pour répartir les forces, et maintenir avec les bras une certaine distance au guidon pour ne pas entraîner le corps par-dessus.
La garde au sol est très réduite, à 3 cm. Elle ne pose aussi problème même en virages appuyés et permet de monter et descendre très facilement de la trottinette. En contrepartie, on a tôt fait de frotter par exemple en descendant d’un bateau ou sur une racine d’arbre. Le fond plat évite néanmoins tout blocage, le seul risque étant de le rayer.
Côté éclairage, sans être particulièrement puissant, le joli feu avant fait bon office de nuit et en pleine obscurité. Une petite articulation permet de bien ajuster son orientation et éclairer correctement la bonne portion de route. Trop haut, on ne verrait pas bien les éventuels bosses ou trous, en éblouissant en plus les autres. Trop bas, on pourrait trop peu anticiper. Le feu arrière quant à lui clignote dès qu’il commence à faire un peu sombre, mais ne signale pas les freinages.
Certifiée IP 54, la trottinette pourra rouler sous une pluie faible et hors des flaques. Une pénétration d’eau fera perdre la garantie. Avant d’en arriver là, la tenue de route précaire des pneus sur sol humide sera un bon indicateur…
Autonomie
La belle emmène mes 85 kg sur une grosse vingtaine de kilomètres. Le niveau de charge sur 4 barres joue un peu le yoyo en cas d’efforts irréguliers - suites de montées et descentes. Cela est dû au fait que c’est une mesure de tension instantanée aux bornes de la batterie, tension variant suivant les appels de courant.
En fin de charge, et si la capacité en courant devient insuffisante, le contrôleur coupe l’appel de courant pendant une fraction de seconde. Un peu surprenant mais pas dangereux. Il faut alors être plus doux sur la gâchette, voire passer sur un mode de puissance inférieur. Il ne reste de toute façon de charge que pour quelques centaines de mètres. Si une montée se présente, on sera avisé de la faire à pieds, pour économiser au besoin les dernières réserves d’énergie.
Service après-vente
Suite à un petit souci d’eau ayant pénétré dans le feu arrière, j’ai fait appel au SAV constructeur. Mon feu fonctionnait encore, mais je craignais l’effet de la corrosion. Airlab Industrie m’a immédiatement envoyé pour 0 € frais compris un nouveau feu - et pour finir de me réconforter, un paquet de bonbons !
Sur un produit importé, je serais probablement moi-même largement corrodé avant d’avoir eu une solution.
Aspect légaux – équipement
Cela dépasse le cadre de cet essai, mais à écouter les uns et les autres, ces éléments me semblent méconnus ou laissés de côté… Or, c’est avant l’accident qu’il faut prendre ses précautions, pas après avoir gravement blessé quelqu’un ou soi-même. Ce qui peut arriver même si on est prudent.
Règles de circulation en trottinette électrique (cf. page du service public en référence) :
- Bridage à 25 km/h max
- Pistes cyclables obligatoires
Assurance : une assurance spécifique est fortement recommandée, car l’assurance responsabilité civile classique ne couvre pas les sinistres à l’utilisation d’un véhicule motorisé. Ne vous amusez pas non plus, comme beaucoup croient futé de le faire, à débrider la machine. Vous ne seriez alors plus couverts par votre assurance.
Concernant l’équipement casque ou gants ne sont pas obligatoires. Pour le casque j’ai choisi un modèle de skate-board / ski (et pas de vélo), protégeant aussi l’arrière de la tête. De couleur fluo : ridicule mais visible. J’ai aussi des protège poignets : situés au bas des paumes ils doivent amortir les chocs.
Conclusion
Cette première expérience à trottinette est plus que convaincante. La Lab’Elle a complètement changé mon rapport à la route et aux déplacements en tant que trottinette en général, et avec sa touche distinctive, en particulier. Habitant en petite couronne parisienne, elle est même devenue mon principal moyen de déplacement. Les pistes cyclables sont très développées, et Google Maps propose des trajets pour vélo incluant même les rues en sens interdit mais praticables aux cyclistes.
Bien sûr, à 1 095 €, 995 € avec guidon fixe, on pourrait acheter deux, voire même trois exemplaires de grande série à la concurrence chinoise. Sauf que le désir de contrer cette dépendance économique, l’aspect qualitatif et la qualité du SAV ont guidé mon choix.
Cette belle machine a néanmoins quelques défauts :
- Confort à l’arrière laissant à désirer
- Feu arrière ne marquant pas les freinages
- Garde au sol réduite.
Peut-être de prochaines évolutions les traiteront.
Les efforts de Airlab Industrie sont en tout cas à saluer, car sur un marché chargé et souffrant de monopoles presque écrasants, cette société au su élaborer un produit se démarquant et largement convaincant. À l’usage cela ne trompe pas : les regards se portent souvent dessus, et l’on me demande de temps en temps « C’est quelle marque ? » « Elle est belle ! ».
Caractéristiques techniques Lab’Elle Veloce - guidon pliant
- Capacité en montée 15%
- Autonomie 25-40 km
- Vitesse bridée à 25 km/h*
- Mode piéton 6 km/h
- Taille pliée : 98 x 50 x 51 cm
- Taille dépliée : 98 x 50 x 115 cm
- Poids : 12,8 kg
- Feux avant et arrière compris
- Garantie constructeur 2 ans
Si vous débutez, une vidéo à visionner avant de prendre le guidon.
Messages
1. Essai Lab’Elle Veloce - guidon pliant : French Touch et tellement classe !, 5 octobre 2021, 13:03, par Ben
Bonjour,
J’hésite à acheter cette trot mais je suis sur Paris et je passe par beaucoup de route avec pavés.
J’ai lu sur d’autres tests que le passage sur pavés était bien géré avec le pneu avant, le deck en bois et la suspension.
Pouvez vous donner plus de détails ce point ?
Merci !