Canvas Logo

Essai Gilera Gp 800 : l’appel du large

dimanche 27 janvier 2008 , par Ouarese

C’est avec une certaine appréhension mêlée d’excitation que nous sommes partis faire l’essai du Gp 800. Ce n’est pas tous les jours que nous avons l’occasion d’essayer le scooter le plus puissant, le plus rapide, bref, le scooter au superlatif. Alors, casque bouclé, gants enfilés, nous sommes prêts.

Gilera Gp 800 face

Tour du propriétaire


Gilera Gp 800 profil
Un peu déçu de ce côté-là. Le Gp 800 a un physique passe partout. Rien ne le distingue vraiment et nous l’avons cherché un petit moment avant de le trouver parmi les autres scooters.

Ligne

De côté et à côté d’un X8, il ne fait pas plus gros ni plus massif, au visuel, il ne fait pas plus haut non plus. Seule sa sortie d’échappement doublé rappelle la puissance de son moteur. Le phare cyclopéen rappelle quant à lui le Sym GTS. Les rétros reprennent la forme des Nexus et la ligne de force des flancs font penser au Tmax ou à certaines motos.

Gilera Gp 800 arrière
A l’arrière, les feux arrière reprennent le dessin que l’on peut trouver chez une marque au cheval cabré, dans l’automobile. C’est sobre, efficace. Et avec le pot double, le caractère du Gp 800 est beaucoup plus affirmé. Les barres de maintien passager soulignent la ligne de force... On peut réellement parler de personnalité, vu sous cet angle.

Bref, une ligne classique en somme mais le genre scooter l’est de toute façon et ne permet guère d’innovation de ce côté-là. La selle semble bien large et le ponton haut et large...

Pourtant, quand on le regarde de ¾, le Gp 800 laisse enfin échapper une sensation de puissance et de sportivité qu’on ne lui aurait pas soupçonné, certainement grâce aux enjoliveurs type aluminium faisant penser à des poutres du châssis. Un scooter Docteur Jekyll et Mister Hyde ?

Prise en main

Béquillage-débéquillage

La mise sur béquille centrale se fait facilement malgré le poids de la machine, 245kg. Gilera l’a en plus doté d’une béquille latérale et d’un frein de parking. Une main sur le guidon, une autre sur la poignée passager, un pied sur l’ergot de la béquille, une poussée et le Gp 800 monte sur sa béquille.

Au débéquillage, il ne faut pas oublier le poids du scooter car là, à l’arrêt, le Gp 800 ne peut pas tricher sur son poids. Heureusement, il est bien équilibré. Il faut dire que son moteur n’est pas placé comme les autres scooters sur l’arrière mais est en position centrale comme le Tmax.

Rangements

Gilera Gp 800 coffre

Si vous comptez sur les rangements du Gp 800 pour vider vos poches de blouson, il faudra vite se contenter de rouler poches pleines. En effet, aucun rangement n’existe sur le Gp 800, hormis le coffre sous selle. Il faudra se résoudre à ranger votre ticket de péage dans votre poche de blouson. De toute façon, il n’y restera pas longtemps.

Sous la selle justement, l’espace est réduit. Si vous comptez partir en voyage, il vous faudra prendre le top-case en option, un casque jet rentrant tout juste dans l’espace. Et il faudra faire attention au moment de faire le plein de ne pas faire déborder au risque d’en faire gicler dans le coffre. Car l’accès au réservoir essence se fait sous le coffre.

Enfin, dernier point que nous n’avons pas apprécié. La selle ne dispose pas de vérin et il faudra surveiller la selle d’un oeil, pour qu’elle ne retombe pas pendant que de l’autre, vous surveillez le niveau d’essence. A revoir. C’est LE défaut du scooter.

Gliera Gp 800 Selle ouverte

Contact

Un tour de clé et le Gp s’illumine. Au centre des compteurs, en bas, les voyants d’huile, de réserve, d’injection, de dysfonctionnement s’illuminent. En haut, l’ordinateur de bord fait sa check-list et après un moment affiche la température moteur par segments, l’heure, le kilométrage total. Le pilote peut faire varier par un contacteur à l’index droit, la température extérieure, le kilométrage partiel A et B.

Gilera Gp 800 ordinateur

Deux gros compteurs sont présents sur le tableau de bord. A gauche, le compteur de vitesse qui est étalonné jusqu’à 220 km/h. A droite, le compte-tour qui ne comporte pas de zone rouge et qui, lui, est étalonné jusqu’à 10 000 tr/mn. Dans le bas du compteur, la jauge à essence à aiguille, plus précise qu’une jauge à segment.

Nul doute que de ce côté-là, Gilera aura équipé le Gp 800 d’un rupteur. Pour information, à 8 000 tr/mn, il ne s’est pas mis en marche.

Du classique de chez classique et les habitués de la marque Piaggio auront reconnu l’agencement et même certains éléments issus d’autres scooters de la marque. Mp3 et Nexus en tête. Un scooter d’exception comme le Gp 800 aura mérité un traitement sortant de l’ordinaire mais qui aurait certainement contribué à alourdir la facture.

La nouveauté est le frein de parking, sur la droite du tablier.

Une pression sur le démarreur et le moteur se met à vivre. Pas de vilain bruit de démarreur anémique. Le Gp 800 vit avec un bruit profond, sympathique au demeurant, un léger sifflement qui doit certainement provenir des injecteurs. Le moteur est exempt de vibrations, régulier sur le ralenti. Pour un peu, on croirait entendre une japonaise tant tout est aseptisé. Là aussi, un petit travail sur le son aurait permis de pouvoir distinguer un Gp 800 rien qu’à l’oreille. Les équipementiers vont s’en donner à cœur joie.

Position de conduite

Une fois enjambé le ponton central, le guidon tombe naturellement sous les mains. A noter que le dosseret de selle est réglable en profondeur, ce qui devient rare sur les scooters actuels. Ce dosseret est bien utile pour contrer la force de l’accélération mais est tout de même un poil court pour caler ses reins sur longue distance. La selle étant assez large, les plus petits devront s’avancer et se mettre sur le côté pour mettre les pieds à terre.

Au niveau commodo, à gauche, appel de phare gâchette, clignotants, klaxon et passage feux de route-phare.

Gilera Gp 800 commodos

A droite, bouton de défilement des informations de l’ordinateur de bord, coupe-circuit, bouton de réglage de la hauteur de la bulle, démarreur.

Tout cela est classique. A l’usage, il est dommage qu’il manque des warnings à la dotation de base. A noter le réglage de la course des poignées de frein. Rarissime sur un scooter.

Le petit défaut de la position de conduite est dans les rétroviseurs. Ils sont jolis, mignons tout pleins mais vraiment trop petits. La partie la plus large est au milieu alors qu’elle devrait se situer sur l’extérieur. Du coup, il faut vraiment essayer de deviner ce qu’on y distingue vaguement.

Les présentations étant faites, il ne reste plus qu’à conduire ce scooter au superlatif.

Conduite

Agile en ville ?

Il faut le reconnaître, nous nous attendions à voir un scooter pataud et lourd et en ville et rapide sur voies rapides, comme l’albatros de Baudelaire.

Et bien, il n’en est rien. Certes, le Gp 800, avec ses roues de 16 pouces à l’avant et de 15 à l’arrière n’est pas le plus agile des scooters. Et son rayon de braquage et son empattement sont trop importants pour en faire le roi des villes. Mais malgré son poids et son empattement justement, il arrive à se faufiler encore et à circuler entre les files de voitures avec plus de facilité que d’autres maxiscooters. Il est aidé en cela par sa largeur contenue et son poids idéalement réparti et placé bas.

Du coup, dès qu’il est en mouvement, le Gp 800 est facile à emmener et traverser Paris aux heures de pointe ne sera pas un calvaire.

Frein moteur

Il est rare de parler de frein moteur sur un scooter et seuls le Burgman 650 et le Gp 800 en disposent à notre connaissance. Sur le Gp 800, le frein moteur est présent dès que les gaz sont coupés et là où les autres scooters sont en roue libre, le Gp 800, comme le Burgman ralentissent. Il faudra donc se méfier si vous en suivez un de près.

Ce n’est que sur les quelques derniers mètres avant un feu par exemple, que le scooter est vraiment en roue libre. Les fabricants de plaquettes ne vont pas apprécier.

Puissance et souplesse

En ville

En usage urbain, le Gp 800 fait preuve d’une souplesse étonnante. Il est possible de le conduire sans forcer ou monter dans les tours et sans aucune saccade à bas régime. On en oublierait presque que nous avons 75CV sous la poignée. Le couple est délivré dès les plus bas régimes et il est possible de rouler sur un filet, tout en douceur.

Mais dès que le conducteur tourne la poignée, les chevaux se réveillent et se ruent sur la roue arrière pour rappeler leurs présences.

Même si la puissance arrive progressivement, elle arrive vite et il faudra se méfier des départs canons sous route mouillée où l’arrière risque de décrocher. Lors de notre essai, le temps état au sec, nous n’avons pas pu vérifier.

Une chose est sure. Le Gp 800 est bien le scooter le plus rapide et le plus puissant. Que ce soit en reprises, en accélération, le Gp 800 laisse loin derrière lui bien des deux roues. La poussée est continue, presque violente sur les premiers mètres, et semble ne jamais devoir finir.

Sur circuit

Sur circuit, les 200km/h ont été atteints avec une aisance bluffante. Le compte-tours affichait 8 000 tr/mn. A cette vitesse, les rétroviseurs sont totalement inefficaces. Impossible de distinguer quoique ce soit. De toute façon, on est absorbés par la conduite. Et il faut bien reconnaître que sur ce point, Gilera a fait fort.

A cette vitesse, la protection générale est vraiment satisfaisante. Pas de sensations de bras arrachés comme sur une moto. Il n’y a que la bulle qui soit un peu courte. Même réglée au plus haut, elle dévie l’air sur le haut du casque et il ne faut pas hésiter à s’abriter derrière et donc, se courber, pour se protéger du flux d’air.

Enfin, si le Gp 800 bondit entre zéro et... 160 km/h, entre 180 et 200 km/h, les reprises sont beaucoup moins flagrantes. On en regrette presque une boite mécanique ou séquentielle permettrant de descendre un rapport pour partir de plus belle et ce, sans forcément adopter une conduite sportive. Juste pour le plaisir.

Liaisons au sol

Une tenue de route irréprochable, des liaisons au sol qui absorbent tout sans rien transmettre au pilote, un moteur qui répond à la moindre sollicitation, le Gp 800 nous oblige à revoir notre définition du scooter ou de la moto.

Gilera Gp 800 amortisseur arrière

Le gros amortisseur arrière en position centrale encaisse tout Le confort est plutôt typé GT. La suspension est progressive et douce. Pas du tout, sèche et dure comme certaines motos sportives peuvent l’être et qui font rebondir la machine comme une balle de ping-pong. Ici, on est dans l’onctueux, le suave. Les trajets au long cours sont donc envisageables, d’autant que le pilote est tout de même bien protégé derrière la bulle réglable électriquement et le tablier.

La fourche de 41 mm de diamètre assure un guidage précis et absorbe également toutes les inégalités de la route sans rien retransmettre au guidon. Bluffant, là aussi par rapport à d’autres scooters. Il n’y a que lors de fortes accélérations que le train avant a tendance à se délester, mais rien de dramatique. Il suffit de se pencher vers l’avant pour appuyer sur la fourche ou de couper légèrement les gaz pour ramener le poids sur l’avant.

Freins

Avec des disques de 300 mm à l’avant et un disque de 280 mm à l’arrière, Brembo série or, avec tout ça, le Gp 800 est redoutable d’efficacité.

Gilera Gp 800 frein AV

Sur notre machine d’essai, le frein avant était progressif mais manquait de mordant alors que l’arrière était direct, voire brutal. Peut-être un réglage à effectuer pour inverser les sensations ? En tout cas, pas de freinage couplé mais un ABS prévu d’ici la fin de l’année, ce qui devrait sécuriser les freinages. Car nous avons testé le freinage dans de bonnes conditions météos, et sur route dégradée ou mouillée, il faudra se méfier du freinage, surtout de la roue arrière. A confirmer toutefois à ‘usage.

Chaîne

Autre nouveauté du Gp 800, la chaîne. Gilera a choisi ce mode transmission plutôt que la courroie, certainement pour des raisons de fiabilité et de simplicité, par rapport aux pignons de son concurrent direct qu’est le Burgman 650. Gilera garantit une chaîne pour 20 000 km. Par rapport à la puissance du scooter, c’est un bon kilométrage. A voir aussi à l’usage si la chaîne tiendra la distance.

Pour l’heure, la chaîne remplit très bien son rôle. Elle retransmet à la roue arrière les moindres désidératas du conducteur, sans aucune bruit particulier. Il faudra reprendre les bonnes vieilles habitudes de vérification de la flèche et de retension de la chaîne. Un petit retour en arrière sur un scooter par ailleurs, hyper moderne.

En conclusion, nous avons été enchantés de cet essai. Il y aura désormais un avant et un après Gilera Gp 800.

Un avant avec des scooters « traditionnels », à moteur en position arrière, courroie et vocation pratique, voire utilitaire.

Un après car Gilera explore une voie que même le Tmax n’a pas osé franchir, même s’il en a été le précurseur. Ce n’est pas un scooter sportif à franchement parler, ce n’est plus tout à fait un GT, ni même un scooter ni une moto.

Peut-être est-ce tout simplement la naissance d’un nouveau genre de véhicule que nous propose le Gp 800, tout comme Honda nous propose sa Dn 01 où motos et scooters convergent de plus en plus.

Et quoiqu’il en soit, moto ou scooter, GT ou sportif, urbain ou routier, Gilera nous a concocté une machine qui appelle à revoir notre définition du scooter et à prendre la route, juste pour le plaisir avec un scooter XXL, extra-large pour prendre le large.


Un grand merci à maman, papa et fiston SELZ de la concession Piaggio de Boulogne. Leur amabilité, leur professionnalisme sont à souligner et cet essai n’aura pas vu le jour sans eux. Mention spéciale à maman SELZ qui a remarqué mon grand sourire après l’essai ! Le bonheur tient à peu de choses...


Voir en ligne : Essai Gilera Gp 800 : l’appel du large

Messages

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.