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Essai Can Am Spyder RT & RS : Jekyll & Hyde

mardi 27 avril 2010 , par Herol

C’est à Aix et par une belle journée que nous avons pu faire l’essai des Can Am Spyder RT et RS. Quand BRP (Bombardier Recreational Products) met à disposition des machines, ce ne sont pas moins de deux Spyders que nous avons eu le privilège d’essayer

Présentation

A main gauche, nous avons le Can Am Spyder RT S, dans sa livrée « Noir Eternel ». Le « S » désigne le modèle tout équipé du RT. Il y a, avant le RT S, le RT et le RT Techno. Notre RT S est équipé de la boité manuelle à cinq rapports. Comme sur une moto traditionnelle, l’embrayage est à la poignée gauche et il faut descendre ou monter les rapports au pied.

Spyder RT & RS : Jekyll & Hyde

A main droite, nous avons le Can Am Spyder RS S, dans sa livrée exclusive Blanc Perlé. Notre RS S d’essai est équipé de la boite séquentielle à cinq rapports. Dans cette version, plus d’embrayage mais deux palettes, à main gauche, pour monter ou descendre les rapports. Les deux machines sont équipées d’une transmission secondaire à courroie.

Spyder RT S

Hormis ces finitions et les 5cm de plus en écartement du train avant, les deux Can Am Spyder du jour partagent le même cœur. Il s’agit du moteur Rotax de 991 cc, bicylindre en V. Le RT S délivre 100 Cv, le RS S 106 Cv. Les deux machines ont aussi en commun une électronique que ne renierait pas une automobile de haut niveau : système de contrôle de la stabilité (Scs), système antiblocage des roues (Abs), système antipatinage (Tcs), système de direction assistée dynamique (Dps). Ouf. Il faut encore ajouter un accélérateur électronique sur le RS S. Toute cette électronique est là pour garantir une conduite en toute sécurité et faire en sorte que le Spyder ait toujours les trois roues au sol.

Le Can Am Spyder RT correspond donc à un véhicule orienté Touring tandis que le RS se veut plus sportif. Nous verrons à l’usage que ces vocations spécifiques correspondent exactement aux modèles.

Les présentations étant faites, il s’agit maintenant de voir les Can Am Spyder en utilisation.

Poste de pilotage

Contact, petite procédure de démarrage avant de pouvoir presser le démarreur. Et là, l’oreille commence à être flattée. Le moteur émet un bon gros son, plein, grave. Pas de hoquet au démarrage, le starter maintient le régime moteur. Les compteurs se sont éveillés avant et les aiguilles qui vont et viennent nous rappellent que l’électronique est bien là. Pendant que les moteurs montent en température, nous détaillons le poste de pilotage.

Sur le Can Am Spyder modèle RT S, deux cadrans à aiguilles, tachymètre et compte-tours encadrent une grande fenêtre digitale, en couleur, avec indication du rapport engagé, le niveau d’essence... Au commodo gauche, pas un centimètre carré n’est perdu. Outre les habituels appels de phares, passage feu de route-feux de croisement, klaxon... nous avons également les boutons commandant le système audio et la marche arrière, sans oublier le réglage en hauteur du pare-brise.

Spyder RT S : commodo gauche

Eh oui, les Spyder ont une marche arrière qui n’est pas limitée en puissance. Si le cœur vous en dit de flirter avec la zone rouge en marche arrière...

Sur le réservoir, les boutons frein de parking, électronique également, la mise en marche des poignées chauffantes, leur intensité. Tous ces boutons sont rétroéclairés en bleu. C’est simplement superbe de nuit. Le passager n’est pas oublié et dispose également de boutons de commandes pour les poignées chauffantes et la partie audio.

Sur le modèle RS S, BRP a fait dans le classique et du coup, après le RT S, le Can Am Spyder RS S fait dépouillé. Mais tout est là. Notre modèle d’essai était doté du pare-brise sport. C’est le plus petit des trois tailles disponibles et en clair... il ne protège rien du tout.

Spyder RS S : commodo gauche

Sur le Can Am Spyder RT S, la position de conduite est droite, assis, comme dans un fauteuil et derrière le grand pare-brise, le pilote est simplement royalement installé. Sur le RS S, la position est plus en avant, le pilote est dans une position plus arc-bouté sur l’avant que sur le RT S, comme un chat prêt à bondir.

Deux positions différentes de conduite pour deux philosophies différentes, pour un même trois roues.

Sur route

Après l’oreille flattée, ce sont les autres sens qui sont flattés. Dès les premiers tours de roues, les caractères des deux machines s’affirment. Derrière le large pare-brise, le pilote du Can Am Spyder RT S appréciera la sono et les morceaux de musique de son ipod. Les multiples réglages, suspensions, hauteur du pare-brise, sont là pour ajuster le confort au mieux. Le pilote profitera pleinement des paysages qui défileront dans un confort maximum.

La grande classe.

Spyder RT S : coffres arrière ouverts. Bmw ?
Spyder RT S

Sur le Can Am Spyder RS S, la position est plus exclusive et avec le petit pare-brise, le pilote est en prise directe avec... la pression du vent. La position penchée sur l’avant vous fait profiter du moteur. Son souffle se fait entendre, comme celui d’un félin qui ronronnerait. Sur le RS S, les sens sont en éveil, à fleur de peau, et le plaisir de conduire intense.

Si les deux machines ont le même moteur, le poids respectif des Spyder fait que les sensations sont différentes à la conduite.

Spyder RT S
Spyder RT S

Sur le Can Am Spyder RT S, la puissance est belle et bien là mais avec ses 421kg sur la balance, celle-ci a fort à faire. La poussée est là, continue mais sans violence.

N’empêche que nombre de deux roues souhaiteraient avoir une telle poussée. Comme le couple maxi est assez bas, à 5500 tr/mn, le RTS se conduit donc tout en souplesse et rondeur. Le régime maxi est d’ailleurs à 7500 tr/mn. Le Can Am Spyder RT S est fait pour Cruiser à vitesse "convenable" en appréciant le paysage et en profitant du confort général de la machine. D’ailleurs, le régulateur de vitesse est là pour nous rappeler la vocation Touring du Spyder RT S. De plus, la boite manuelle n’aide pas à la rapidité de l’ensemble. Heureusement, une version à boite séquentielle va arriver sur le marché français et constituera certainement le gros des ventes en RT.

Spyder RS S

Si la capacité d’emport "naturelle" du modèle RT S ne vous suffit pas avec son top, ses coffres latéraux et avant, sa boite à gants pour une capacité de 155 litres au total, vous pourrez toujours lui adjoindre une remorque maison pouvant recevoir 622 litres. Largement de quoi emporter l’indispensable et le superflu en déplacements.

Spyder RT S : coffre avant et boite à gant

Sur le Can Am Spyder RS S, les sensations sont toutes différentes. Il est possible de suivre le RT S à son allure de Touring. Le moteur est souple et les vitesses de la boite séquentielle passent sans même à avoir à couper les gaz. Mais si l’envie vous prend de descendre un rapport, la poussée est plus vigoureuse vers les 4000 tr/mn. D’ailleurs, l’électronique de la boite descendra d’elle-même un rapport si vous reprenez sur un rapport trop haut.

Et si l’envie vous prend de descendre non pas un mais deux rapports, vers les 6000 tr/mn, la poussée est tout simplement fantastique et le moteur s’exprime avec une joie de vivre qui ramènerait un sourire à un hypocondriaque. Il faut bien s’accrocher au guidon !

Spyder RS S

BRP revendique un départ arrêté de 0 à 100 en 4.5 s et nous les croyons sans peine. Sur le Can Am Spyder RS S, le couple maxi est délivré un peu plus tard que le RT S, à 6250 tours exactement et le régime maxi est également plus haut, à 8500 tr/mn. Avec son poids contenu de 317kg, le RS S est certainement le plus joueur des deux Spyder, mais il n’offrira pas le confort Touring du RT S.

Sécurité

Le véritable plus des Can Am Spyder est la stabilité que procurent les trois roues, au même titre que les trois roues du groupe Piaggio. Quelque soit la vitesse, la courbe que vous abordez les trois roues permettent au Spyder d’être littéralement rivé à la route, aidé en cela par l’électronique.

Spyder RS S

BRP a conçu un système appelé VSS (Vehicule Stability System). C’est ce système qui contrôle les différentes aides électroniques du Spyder. En fonction de différents paramètres, vitesse, poids des pilote et passager, poids embarqué, la calculateur va agir sur le freinage, la stabilité, la motricité.

L’électronique est là pour contenir la fougue du moteur et du pilote. Entre antipatinage, ABS, système de contrôle de la trajectoire, tout a été fait pour que le Spyder vous mène à bon port. Il ne faut pas croire pour autant que toute cette électronique gomme les sensations. Elles sont belles et bien là, comme sur tout deux roues mais l’électronique sait se faire discrète.

Spyder RS S

De plus, avec le système de freinage intégral une seule commande suffit. Elle est située au pied droit. Au départ, la pédale de frein nous a semblé un peu dure mais à la longue, cette dureté s’apprécie comme lors d’un freinage appuyé et d’urgence. Aucune question à se poser dans ce cas-là : on appuie de toutes ses forces et c’est tout. Pour les motards purs et durs, l’absence de poignée de frein au guidon droit et le couplage du freinage va certainement dérouter dans un premier temps, mais il faut bien reconnaître que le freinage est vigoureux et surtout sans surprise.

SE5

Ce n’est pas une formule mathématique mais c’est certainement la formule magique sur le Can Am Spyder. SE5 signifie « Séquentielle Electronique à 5 rapports ». Il s’agit de la boite qui équipe le RS S. Et là, nous avons une petite merveille d’électronique.

Ici, pas de boite automatique comme nous en avons sur la Mana d’Aprilia. Il faut bien monter et descendre les vitesses, sauf que nous avons pour cela, deux palettes pour le faire. Au pouce gauche, on monte les vitesses, à l’index gauche, on les descend. Mais cette boite aide tout de même les pilotes.

Si vous êtes sur un rapport trop haut et que vous accélériez, la boite va gérer et descendre d’elle même un rapport. De même, vous pouvez vous arrêter complètement sans descendre les rapports, au redémarrage, la boite passera en première. En roulage, l’électronique est là aussi pour éviter de passer les rapports sur le mauvais régime. Ainsi 30km/h, vous ne pourrez pas passer en cinquième.

Spyder RS S

Une fois intégrées ces notions, la boite fait merveille dans la plage d’utilisation. Elle est rapide, répond au moindre effleurement des palettes et surtout permet au moteur Rotax de s’exprimer pleinement. La boite SE5 est, de loin, à préférer à la boite manuelle qui est un peu lente et dure.

La boite SE5 fait également sentir au pilote quand elle rétrograde. Outre le son moteur, envoutant, le frein moteur est là. Le Spyder RS S semble faire dos rond, en attendant de bondir à nouveau et de plus belle.

En première, le Spyder RS S continue de pousser avec la boite SE5. Pas de roue libre comme on peut en avoir sur un scooter ou la Mana d’Aprilia. Pour s’arrêter, il suffit de freiner.

Direction assistée

Une direction assistée sur une moto, ça ressemble à un gag. Et pourtant, les Can Am Spyder en sont équipés. Tout simplement à cause du poids de l’équipage qui sans cette direction assistée rendrait chaque sortie en séance de musculation.

Spyder RS S

Au début, cette assistance est surprenante. Comme sur tous deux roues, on a plutôt tendance à pencher pour virer. Or, sur les Spyder, ce n’est pas possible puisqu’ils virent à plat. Il faut donc tourner le guidon, comme sur une voiture ou un quad. Heureusement, l’assistance est dynamique, c’est à dire qu’elle varie en fonction de la vitesse.

Sur les premiers tours de roues, la tendance est de tourner exagérément la direction. Il s’ensuit des corrections pour placer le Can Am Spyder sur la bonne trajectoire. Vu de derrière, le Spyder a l’air de zigzaguer. Mais une fois l’habitude prise, le Spyder se conduit avec une facilité déconcertante.

Conclusion

BRP a concocté non pas une machine mais deux machines d’exception aux caractères bien marqués, à partir d’une même base. On serait tentés de dire deux personnalités à partir d’une même machine d’exception.

Exception par les dimensions qui font du Can Am Spyder en RT ou en RS, le plus gros trois roues. Exception par la puissance aussi. Avec ses 990cc et ses 100Cv et plus, les Spyder sont et resteront encore longtemps les premiers de la classe trois roues. Exception enfin par le prix. Le premier Spyder démarre à 17 799€, modèle RS en boite mécanique, et le plus cher est à 26 499€, modèle RT S avec boite SE5.

Bien sur en ville, ses dimensions le handicapent. Pas de remontée de file possible, place de parking comme une auto... Mais dès que la ville est dans les rétros, le Can Am Spyder se révèle à l’aise sur toutes sortes de routes.

Et tout comme l’Albatros de Baudelaire, le Spyder s’exprime pleinement dans les grands espaces, la nature, ou en mode cruising. C’est un peu d’Amérique, de rêve américain que nous conduisons au guidon des Spyder que propose BRP. Une philosophie, un art de vivre, et il faut bien reconnaître que nous y adhérons complètement.

Véhicules hors catégorie, entre l’auto, la moto et le scooter, les Spyder RT et RS ont chacun leur personnalité et les essayeurs d’un jour n’ont pas réussi à trancher pour savoir lequel est le mieux.

Avec ses Spyder RT et Spyder RS, BRP a dédoublé les machines à partir du même véhicule et tout le dilemme est là.

Nous faudra-t-il aussi dédoubler les achats à partir du même compte bancaire pour se faire plaisir ?

Spyder RT S
Spyder RS S
Spyder RT S
Spyder RS S : coffre et bagagerie spécifique

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