Retromobile 2014 : l’espace et le temps, au rendez-vous

lundi 10 février 2014 , par Patrick L.

Retromobile a fait escale à porte de Versailles la semaine dernière. Il nous tardait de voir cette édition 2014 qui a investi le hall 1. Plus vaste, l’espace dévolu au salon permet à ce dernier d’avoir une nouvelle respiration. Les exposants y sont plus à l’aise pour montrer leurs machines, deux et quatre roues, leurs produits. Moins tassés, les curieux, les amateurs et les passionnés peuvent ainsi plus facilement circuler dans les allées, pour flâner ou rechercher la pièce rare. Cela se ressent car, même si dans les halls 2 et 3 des éditions précédentes, les exposants et les clubs étaient toujours disponibles pour réponde aux questions, cette année, tout le monde dans le hall 1 était détendu. Il faut se rappeler certains après-midi du samedi... Plus d’espace, c’est pouvoir traverser le temps d’allée en allée, en toute décontraction. Un vrai plus pour Retromobile.

Cette année, les deux roues étaient moins nombreux que les années précédentes mais il valait le détour. Dans un état impeccable, les motos, scooters et autres trois roues brillaient de mille feux. Pour certaines, le travail de restauration est remarquable. Au début des véhicules motorisés, le genre du véhicule n’était pas toujours bien défini, hésitant entre auto et moto ou entre moto et vélo.

Chez Moto Antiguas HD, des motos d’une autre époque mais impeccable. Une Harley de 1937 de 737cc côtoie une Bw de 1936, de 500cc. Uniquement 2.652 modèles furent produits. Moto Antiguas HD exposait également une Anzani Tras moto de 1914. Cette moto développe la puissance de 2.400cc. Faite pour la vitesse, le pilote devait avoir le coeur gros pour aller chercher la performance.

En matière de trois roues, nous avons eu droit à un Trilex. Sur base de Solex, une troisième roue a été ajoutée, à l’arrière. Pour favoriser la capacité d’emport, il n’y a rien de tel. Il faudra de temps en temps pédaler pour aider le vaillant moteur à galet.

Au détour d’un stand, une VAP Monneret. de 1962, qu’on croirait tout juste sortie du concessionnaire. Cette moto sera le véhicule de nombreux exploits de la part de Georges Monneret dit "Jojo la moto" avec 499 victoires et 183 records du monde, avec une motorisation de...50cc.

Peugeot n’est pas en reste avec son S57 de 1955. Il s’agit du premier scooter de la marque au lion. La ligne générale du scooter rappelle celle de la 203, la voiture emblématique de cette date. Coffre à l’avant, large espace vide poches, capot arrière relevable pour faciliter les opérations de maintenance, tableau de bord complet, antivol Neiman, crochet accroche-sac, le S57 semble avoir déjà tout inventé. Le nouveau Django a qui de tenir !

La New-Motocycle de 1928 rivalise avec le S57 pour son état impeccable. C’est Georges Roy qui l’a conçu, près d’Orléans. Pour la petite histoire de cette moto, Georges Roy n’était pas adepte des châssis tubulaire, considérant qu’ils étaient sujet à casse à cause des vibrations et à la torsion à vitesse élevée. D’où ce châssis en acier pressé qui offre plus de protection pour le moteur et pour le pilote qui est ainsi protégé des projections d’huile et de graisse. Ce concept ira jusqu’au dépôt d’un brevet en 1926. A l’origine, les dessins faisaient figurer des panneaux qui enfermaient complètement le moteur de la New-Motorcycle. Une moto aux caractéristiques extérieures de scooter !

La Derny Taon 125cc de 1957 a été dessinée par un designer. Le nouveau propriétaire de la marque Derny voulait relancer la marque par un design innovant. Chromée, elle brille dans la lumière mais cela n’aura pas suffi. Seuls quelques centaines d’exemplaires de la Taon auront été produits.

Pour les voitures, le choix est plus large. Lancia avait son espace avec une belle rétrospective de la marque. Si la marque est auréolée d’une image sportive, on comprend mieux pourquoi au vu des voitures.

Une Bugatti de 1928, encore dans son état originel et avant restauration, était exposée. Il faut imaginer le travail qui reste à accomplir pour lui redonner son lustre d’antan.

Retromobile, nouvelle formule, réservait un espace aux véhicules des maharadjahs. C’est tout simplement étonnant. Une voiture cygne sur base de Brooke. Son moteur de 3.2l délivre la puissance de 20Cv. Cette voiture est le fruit de la volonté d’un écossais excentrique, Robert Nicholl ‘Scotty’ Matthewson, vivant à Calcutta, qui cherchait à choquer l’élite locale. Ce fut réussi. La voiture sema la panique et la police dut intervenir. Robert vendit ensuite la voiture au maharadjah de Nabha et sa famille la conserva 70ans. En 1993, cette voiture gagna le concours d’élégance de Pebble Beach en Californie, the Montagu Prize. A ses côtés, la Baby Swan est une voiture électrique.

Peugeot exposait des coupés et des cabriolets. Le télescopage des années et des modèles permet de replacer la marque dans l’Histoire.

Chez Renault, une page d’histoire justement est ressortie des placards. Le projet 900 de 1959 correspond à une étude... d’espace intérieur, en collaboration avec le carrossier Ghia. Habitacle très avancé, moteur V8, composé de deux moteurs de Dauphine, à l’arrière. Le microbus Estafette reprendra l’habitacle avancé et l’Espace, celui de l’habitacle généreux, en 1984.

Comme toujours, des stands en tous genres et pour tout ont trouvé accueil à Retromobile. Une aubaine pour les chineurs à la recherche de la pièce perdue.

Retromobile évolue et c’est tant mieux. Toutes ces pages d’histoire de la mobilité sont à l’image du salon. Se renouveler, aller de l’avant, améliorer... C’est toute l’histoire de la mobilité motorisée et Retromobile en est le musée vivant.