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Artcurial – Retromobile 2020 : enchères BMW R75 Side-Car, 1943 et Mercedes-Benz 710 SS 27/140/200hp Sport Tourer, 1929

vendredi 10 janvier 2020 , par Christian

Comme tous les ans, Artcurial Motorcars a le don de dénicher des pépites à présenter aux enchères Rétromobile. Cette année 2020 n’échappe pas à la règle et parmi les 167 lots de véhicules présentés, nous en avons sélectionné deux. Mais il y en a tant d’autres qui témoignent d’une époque, d’un mode de vie ou d’un tempérament comme l’Amphicar DWM Schwimmwagnen 01 et en plus cabriolet.

Particularité de cette vente 2020, en plus des véhicules roulants, Artcurial propose sous le marteau de Matthieu Lamoure des véhicules flottants. La Seine étant proche de la porte de Versailles, vous avez des chances d’échapper aux bouchons du périphérique parisien en repartant avec vos acquisitions du jour.

Parmi les lots de véhicules roulants, vous pourrez découvrir une dizaine de deux roues. Il y a la Yamaha 750 TZ PEM. C’est la moto de Soheil Ayari et elle a fait l’objet d’une réfection méticuleuse. Elle est magnifique et mérite certainement son estimation de 60.000 à 80.000€.

Plus modestement, nous avons sélectionné en toute subjectivité un side-car BMW et une Mercedes.

1943 BMW R75 Side-Car

No reserve

Titre de circulation italien
N° cadre : 765545
- Modèle intéressant
- Présentation impeccable
- Spécifications rares
- Sans réserve

Estimation : 50.000€ – 70.000€

Dès 1937, l’armée allemande commanda l’étude d’un side-car de 750 cm3 à BMW et à Zündapp. Ces véhicules devaient répondre à un cahier des charges draconien qui exigeait une charge utile de 500 kg tout en conservant une garde au sol de 150 mm, une vitesse de croisière de 80 km/h avec 3 personnes à bord, une autonomie de 350 km, etc. Cela donna naissance à deux des plus célèbres véhicules de la seconde guerre mondiale, avec la Jeep Willys, bien entendu ! Les premiers tests démontrèrent la nécessité de concevoir un tout nouveau moteur de 750 cm3, qui servira de base aux motorisations des modèles d’après-guerre comme les BMW R51, R67 et R68.

Dans sa version finale, la BMW R75 développait 26 ch à 4 000 tr/mn avec n’importe quel carburant, elle était équipée d’une marche arrière et la roue du side-car était motrice. Conçu pour fonctionner aussi bien dans les sables du désert que dans la steppe russe, la BMW R75 partageait bon nombre de pièces avec la Zündapp KS 750, ce qui facilitait la maintenance de ces engins. La production des R75 débuta en juin 1941 et, au total, plus de 18 000 attelages furent produits dans l’usine d’Eisenach jusqu’à la fin du conflit.
L’exemplaire que nous présentons se présente en bel état après une restauration ancienne de qualité probablement effectuée en Allemagne. Il présente des éléments rarissimes, tel le système de chauffage entourant le guidon, rappelant les engins équipés pour la campagne de Russie. Il fut inscrit au registre historique italien ASI en 2006 et son titre de circulation l’enregistre bien en tant que moto attelée

1929 Mercedes-Benz 710 SS 27/140/200hp Sport Tourer

Carrosserie attribuée à Fernandez & Darrin (France)
Titre de circulation anglais
Châssis n° 36223
Moteur n°72182 (voir texte)
- Modèle exceptionnel
- Carrosserie d’une grande élégance et sportivité
- Éligible aux plus beaux Concours d’Elégance
- Certification Mercedes-Benz Klassik

Estimation : 6.000.000 € - 8.000.000 €

Cette rare Mercedes 710 SS fait partie des modèles les plus prestigieux jamais produits par la marque à l’étoile.

Histoire du châssis

Portant le numéro de châssis 36223, elle a fait l’objet de la commande n°45801, passée par Mercedes-Benz New York et enregistrée dans les livres du constructeur le 28 avril 1929 (une copie de ce document est versée au dossier). Quelques mois plus tard, le 30 octobre 1929, elle est sortie d’usine et a été envoyée à New York sous la forme d’un châssis roulant. Ce serait ce même châssis qui aurait été exposé lors du New York National Automobile Show de 1930, sur le stand Mercedes. D’ailleurs, le châssis présente des parties chromées normalement inexistantes, ce qui pourrait confirmer son exposition publique.

Ce châssis fait ensuite l’objet d’une commande par Import Motors Company de New York, en date de janvier 1931. De nouveau sur la copie d’un document Mercedes-Benz de mauvaise qualité et d’époque (reproduit dans la certification), on distingue " Import " (le document difficilement lisible semble faire apparaître l’année 1932).

Carrosserie Howard ’Dutch’ Darrin

Nous n’émettons donc pas de doute sur le fait que le châssis est alors envoyé en France après le Salon de New York pour être carrossé par Howard ’Dutch’ Darrin. Basé à Paris et d’abord associé à Thomas Hibbard et jusqu’en 1931, Darrin développera avec l’homme d’affaires Jino Fernandez en 1932, la société Fernandez & Darrin.

De son côté, J. Fernandez avait, en plus d’un magasin d’exposition sur les Champs-Élysées, un atelier de carrosserie à Boulogne où il réalisait des carrosseries pour certains constructeurs et importateurs. Son association avec Darrin a permis de développer cette activité et de répondre aux commandes de riches américains.

Lorsque l’on observe le prodigieux dessin des ailes bien spécifiques, sa carrosserie ne peut que porter la signature de Darrin, déjà vue sur des Hispano-Suiza et des Duesenberg. En compilant les différents écrits sur le sujet et en étudiant le dessin prodigieux de la carrosserie, toutes les preuves semblent parfaitement réunies pour l’attribuer à Fernandez & Darrin. Les clients de Howard ’Dutch’ Darrin faisaient parties des personnes les plus en vue et les plus fortunées à l’époque. Il entretenait des relations étroites avec les États-Unis, d’où il était originaire.

La voiture est donc équipée d’une très élégante carrosserie Sport Tourer dotée d’ailes enveloppantes qui reprenait les attributs sportifs de ce châssis de très grand luxe, comme les deux avertisseurs chromés encadrant la calandre et les échappements tout aussi chromés s’échappant du long capot.

Histoire des propriétaires

De teinte blanche avec intérieur en cuir rouge, cette Mercedes 710 SS a été ensuite livrée à son premier propriétaire, Mr. Martin de Washington DC. Il existe une photo de cette époque où, en plus de sa teinte claire, la voiture présente des pneus à flancs blancs. On ne sait pas à qui Mr. Martin a vendu la voiture, mais on la retrouve peu de temps après entre les mains de M. Merritt, qui lui-même la cède au Dr. Scher. Elle est ensuite achetée par le Dr. Bissell puis, en août 1956, par M. Pitcairn. Celui-ci décide de restaurer la voiture et en profite pour modifier la teinte de la carrosserie, qu’il fait peindre en noir. Les travaux se terminent en 1957, ce qui permet de présenter cette voiture à divers Concours d’Elégance aux Etats-Unis. La copie de la commande d’origine chez Mercedes mentionne que, en octobre 1970, la voiture appartenait encore à M. Pitcairn, basé à Bryn Athyn, en Pennsylvanie. Cette même copie précise que, en novembre 1977, Graf Clery, directeur de Mercedes-Benz of North America, a demandé aux archives Daimler des renseignements sur cette voiture.

Dix ans plus tard, en 1987, cette Mercedes SS apparaît en photo dans un article concernant les Mercedes d’avant-guerre, publié dans le numéro 3 d’Automobile Quarterly. A part la couleur, la voiture est identique à la première photo connue, flancs blancs compris.

Dans son numéro de mai 1993, le magazine Classic & Sports Car publie une annonce de "The Checkered Flag" (William Kontes), négociant basé dans le New Jersey et proposant cette voiture à la vente. Les photos montrent bien cette Mercedes 710 SS à la carrosserie caractéristique, et l’annonce indique bien les numéros de châssis 36223 et moteur 72182. En 2009, elle est achetée en Allemagne et envoyée directement au Mercedes-Benz Klassik Center, à Stuttgart, pour être inspectée et que son authenticité soit établie.

Certification Mercedes

L’importante et très sérieuse certification de Mercedes-Benz Klassik conclut qu’il s’agit bien d’une Mercedes 710 SS et que tous ses composants correspondent à ceux d’une SS. L’expertise souligne également une différence au niveau du numéro frappé sur le moteur, 72181 au lieu de 72182 comme l’indique la plaque de châssis. Toutefois, une autre expertise, réalisée le 6 juin 2013 par l’organisme allemand de certification TÜV Süd, souligne que le chiffre "1" qui termine le numéro de moteur pourrait avoir été refrappé sur un "2" original. D’ailleurs, le moteur a été complètement restauré en 2016/2017 et n’a depuis parcouru qu’une cinquantaine de kilomètres. Plusieurs essais ont permis de constater le fonctionnement impeccable de la mécanique. A noter également que, par le passé, le système de freinage a été converti en circuit hydraulique, un net progrès sur le plan des réglages et de la sécurité.

Performances et rareté

Ainsi, cette voiture est un des modèles les plus extraordinaires produits par la marque, une authentique Mercedes 710 SS (type W06). Son moteur 6-cylindres en ligne affichait une cylindrée de 7 065 cm3 et développait 140 ch à 3 200 tr/mn, puissance qui passait à 200 ch une fois le compresseur enclenché. Cela lui permettait de frôler les 200 km/h, privilège alors réservé à quelque rares voitures de sport. D’ailleurs, le modèle a eu ses dérivés sportifs, les SSK et SSKL qui, entre les mains de légendes comme Rudolf Caracciola ou Manfred von Brauschitsch, ont signé de brillantes victoires comme aux Mille Miglia 1931 ou dans de nombreuses courses de côte dont celle du Mont Ventoux. La Mercedes SS a également connu ses belles heures en tourisme : dotée d’une carrosserie usine ou, comme ici, d’un habillage de carrossier, elle a pu participer aux plus beaux Concours d’Elégance ou franchir les cols alpins avec l’aisance procurée par sa puissante mécanique et son confortable équipement. La production de ce modèle rare s’élève à 111 exemplaires ; il n’en reste aujourd’hui que très peu d’exemplaires.

Cette Mercedes 710 SS représente donc ce qui se faisait de mieux à cette époque, que ce soit dans le dessin aérodynamique et sportif de sa robe ou dans l’excellence et la puissance de sa mécanique. Avec sa carrosserie noire, sa sellerie en cuir rouge légèrement patinée et son tableau de bord richement équipé, cette œuvre d’art sera chaleureusement accueillie dans les évènements historiques et Concours d’Elégance les plus prestigieux, où elle est prête à briller du même éclat que l’étoile qui orne le capot et souligne le statut exceptionnel de cette superbe machine.

La participation aux enchères pour ce lot est soumise à une procédure d’enregistrement particulière. Si vous souhaitez enchérir sur ce lot, merci de vous rapprocher du bureau des enchères ou du département Motorcars minimum 48 heures avant la vente.

Catalogue en ligne Artcurial – Rétromobile 2020.

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